Montrer le sommaire Cacher le sommaire
Aux Mondiaux de judo ou pendant les JO de Paris, impossible de passer à côté : les combats s’enchaînent, les prises s’enchaînent… et les cris aussi ! Râles de rage, gémissements concentrés ou hurlements de victoire, les judokas ne se gênent pas pour faire entendre leur voix sur le tatami. Mais alors, pourquoi crie-t-on autant au judo ? Décryptage d’un phénomène aussi bruyant que symbolique.
Un concentré d’énergie made in Japon
Le cri dans le judo, on ne l’a pas inventé pour amuser la galerie. Il vient tout droit du concept japonais de kiai, autrement dit “l’union de l’énergie”. C’est une tradition millénaire qu’on retrouve aussi dans d’autres arts martiaux comme le karaté ou l’aïkido, où le cri signifie une sorte de libération de la force intérieure.
D’ailleurs, Miyamoto Musashi, un célèbre samouraï du XVIIe siècle, en parle dans son fameux Traité des Cinq Roues. Rien que ça !
Ce cri, c’est donc un outil de concentration intense qui sert à booster l’efficacité d’un mouvement, impressionner l’adversaire (mentalement, ça fait le taf) mais aussi, plus simplement, à se relâcher. Il booste l’attaque, il fait exploser la joie, il marque le moment où tout bascule. Et en France, ce n’est pas juste un truc à la mode : pour passer certains grades comme le 3e ou 4e dan, le cri est carrément obligatoire ! Hé oui, si tu veux la ceinture noire, il va falloir un peu plus qu’un ouchi-gari discret.
À voir Téléréalité toxique : comment Haneia a trouvé la paix
Les cris stars du tatami
Chaque judoka a un cri particulier, presque comme une signature vocale. Tu vois un peu comme Abou chez les Marseillais qui pousse toujours ses fameux “Y’a rien frérot” dans les clashs ? Bah sur le tatami, c’est un peu pareil. Chacun sa vibe, chacun son cri.
Certaines stars comme la Japonaise Uta Abe, quintuple championne du monde dans la catégorie -52 kg, sont connues pour leurs cris ultra-aigus. On est à la frontière entre le cri de guerre ninja et le cri de panthère. À l’opposé, il y a des rugissements tout droit sortis des entrailles, comme ceux du Français Joan-Benjamin Gaba, champion du monde des -73 kg. Quand il hurle, t’as compris qu’il vient de mettre la patate de sa vie.
Même la discrète Amandine Buchard, qu’on voit rarement s’enflammer, a laissé sortir toute sa rage après sa médaille de bronze aux JO. C’est souvent dans ces moments-là que le cri devient un vrai langage émotionnel. Coup de boost personnel, message à l’adversaire ou déclaration d’amour au public, chaque cri veut dire quelque chose.
Un cri qui sort tout seul
Ce qui est fou, c’est que le cri, ça ne s’apprend pas vraiment. Ce n’est pas une technique qu’on travaille le mardi soir au dojo entre deux randoris. Il naît souvent par imitation, quand les plus jeunes matent leur prof ou leur senpai crier comme des lions sur le tatami. Et bim, la semaine suivante, ils tentent un petit “Haï !” bien senti.
À voir Installer une clim dans ces départements peut gonfler votre taxe foncière : comment l’éviter
Mais attention spoiler : ça ne marche pas si tu forces. Le vrai cri est instinctif, il sort quand il faut, quand la pression monte ou quand t’as enfin placé ton ippon après 6 minutes de combat acharné. Et comme ça utilise pas mal d’énergie, autant te dire que les judokas évitent de trop en abuser. En général, on se garde ça pour deux ou trois moments clés dans une journée de compétition.
Certains le font au début du combat, pour poser une ambiance façon “je t’écrase dès que le gong sonne”. D’autres à la fin, pour célébrer une victoire ou extérioriser tous les entraînements, les blessures et la sueur accumulée depuis des mois. Ce cri-là, c’est comme quand tu rentres en finale dans Les Cinquante : c’est pas qu’un cri, c’est toute une aventure qui explose d’un coup.
Silence radio chez certains champions
Mais il n’y a pas que des hurleurs dans ce sport. Certains grands noms préfèrent la carte de la sobriété. C’est le cas des Russes Matvey Kanikovskiy ou Inal Tasoev, ou encore du Japonais Ryuju Nagayama, sacré champion du monde des -60 kg à Budapest. Tous les trois sont des machines en silence. Leur truc, c’est l’efficacité XXL sans son et sans bruit. Ice cold.
Ce n’est pas qu’ils n’ont rien à crier, c’est juste qu’ils le font différemment. Leur victoire résonne dans leur regard, leur posture, leur technique parfaite. Selon Nagayama, parfois, le cri est si intérieur qu’il en devient vertigineux. Voilà, ambiance semi-poétique mais 100 % intense.
En fait, que tu crie ou que tu restes de marbre, tu racontes quelque chose. Le cri de judo, c’est un langage à part entière, entre énergie brute, moment de vérité, et signature perso. Alors la prochaine fois que tu entends un judoka hurler sur le tatami, ne t’étonne pas : il est juste en train de parler sa langue.