Lors de l'attaque terroriste des anciens locaux de Charlie Hebdo ce vendredi 25 sepembre, Youssef, 33 ans, n'a pas hésité une seule seconde à poursuivre le fugitif. Confondu avec un complice, il a été interpellé par les forces de l'ordre et menotté avant d'être placé en garde à vue, pendant de longues heures. Il raconte son histoire.
Youssef, 33 ans, lé « héros” pris pour un suspect
Au moment des faits et après avoir entendu des cris, il avait pu apercevoir l'assaillant s'enfuir en courant avant de disparaitre dans la bouche du métro parisien. Sans réfléchir, Youssef s'était alors courageusement lancé à sa poursuite.
Le jeune homme de 33 ans se retrouve alors sur le quai de métro opposé, face à son agresseur et lui lance un “Reste là toi !” avant de reprendre les escaliers pour le rejoindre de l'autre côté.
À quelques mètres de l'assaillant, celui-ci sort un cutter et marmonne quelque chose que Youssef ne comprend pas : “ Je crois qu'il ne parlait pas le français. Il était étonnamment calme.”.
Le fugitif finit par entrer tranquillement dans la rame du métro, sans agresser personne avant de disparaitre en direction de Bastille.
Alors qu'il regagne la surface,Youssef croise des policiers à la sortie du métro et tente de les interpeller en leur faisant comprendre qu'il est un potentiel témoin, mais ces derniers l'incitent à décamper rapidement. Youssef tente tant bien que mal d'expliquer la situation à l'agent de police et lui raconte qu'il a poursuivi le suspect et que celui-ci est en ce moment dans le métro en train de s'enfuir.
L'un des policiers le somme alors de se mettre contre le mur pour pratiquer une fouille et personne ne veut l'écouter.
Un autre policier arrive finalement sur les lieux pour résonner son collègue. Youssef est relâché et sommé de rentrer chez lui, mais l'histoire ne s'arrêtera pas là pour le jeune homme.
“On l'a chopé !”, “Quoi vous m'avez chopé ? Je suis venu témoigner moi !”
Obstiné, le jeune Youssef décide de retourner chez lui pour aller chercher ses papiers d'identité avant de se rendre au commissariat le plus proche afin de témoigner. Mais une fois arrivé sur les lieux, il est rapidement interpellé et menotté.
La raison ? Des images de la vidéosurveillance du métro dans lequel on le voit courir derrière le vrai fugitif. Des images qui ont tout de suite fait penser aux policiers que Youssef était complice de l'assaillant.
Menotté et le visage recouvert d'un masque occultant, il entend les policiers autour de lui crier “On l'a choppé !”. Il tente malgré tout d'expliquer qu'il est venu témoigner et qu'il n'est pas complice du crime. Sans succès… Le jeune homme qui s'était alors présenté comme témoin est envoyé en garde à vue.
Celui qui avait agi de manière totalement héroïque et dans l'intérêt de tous s'est alors retrouvé impliqué en tant que 2nd suspect dans une sombre affaire de terrorisme.
Après 10 h longues heures de garde à vue, il est finalement relâché, passant de complice et suspect à simple témoin. Sa version sera par la suite confirmée par les caméras de sécurité présentes sur les lieux de la course poursuite.
Attaques à paris : "Nous avons des nouvelles rassurantes" des blessés, assure le co-fondateur de l'agence Premières Ligneshttps://t.co/B3vYGG1u8W pic.twitter.com/P62nG2q4sS
Libéré, épuisé, choqué, mais sans ressentiments envers la police
Cette histoire ne peut que faire écho au récit de Lassana Bathily.
Lors de la prise d'otage de la porte de Vincennes de janvier 2015, le jeune travailleur franco-malien, à l'époque magasinier de l'Hyper-Cacher, avait fait preuve de beaucoup de courage en aidant les otages à se cacher. Un courage qui comme dans le cas de Youssef, s'était finalement retourné contre lui. À la sortie du magasin, il avait été interpellé par les forces de l'ordre, jugé suspect et retenu durant 1 h 30. Un temps précieux qui avait été perdu par les policiers, obstinés dans leur choix de contrôler l'individu.
Suite à sa libération, l'avocate de Youssef se confie sur le fait que son client a été particulièrement affecté par les réactions qui ont fleuri sur internet. Présenté comme un terroriste et présumé coupable, le jeune homme assure cependant qu'il ne garde aucun ressentiment envers les policiers qui l'ont menotté et placé en garde à vue sans preuve.
» Ils ont fait leur travail, c'est normal. C'est juste que je ne suis pas habitué. C'est tout. »
Et si c'était à refaire, Youssef n'hésiterait pas une seule seconde : “J'y retourne ! (…) Je suis comme ça, moi : quand je vois un criminel, quelqu'un qui a mal agi, je dois intervenir pour le rattraper. Je fonce. C'est comme ça.”
Un acte de bravoure et de solidarité qui se fait de plus en plus rare de nos jours.
Si vous croyez que l'attentat contre Charlie a été motivé par la volonté de propager une idéologie religieuse totalitaire, détrompez-vous… Par @AntonioFischet8. https://t.co/bU7c1LuZ9Y