Dans une parution du Monde en date du 2 octobre 2021, le quotidien français publiait les propos tenus par le président français devant les jeunes harkis, lors d'une rencontre visant à travailler sur « la réconciliation entre les peuples français et algérien ». Durant cette rencontre, le président français aurait évoqué des faits qui choqué les Algériens. Il s'était notamment attaqué à un système politico-militaire algérien fatigué qui se serait construit sur la rente mémorielle et la haine de la France.
La riposte algérienne
Remettant en question l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation, le président français s'est questionné : « Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? » avant de se dire « fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée avant la colonisation française ».
Des propos qui ont été reçus avec choc en Algérie. La présidence avait aussitôt dénoncé des propos irresponsables, de même que le ministre des affaires étrangères qui a fait allusion çà une « faillite mémorielle française ». Pour marquer davantage sa colère, les autorités algériennes ont rappelé leur ambassadeur siégeant à Paris avant d'interdire aux avions militaires français de survoler leur territoire.
Malgré le mea culpa du président français qui appelle à un « apaisement, parce que je pense que c'est mieux de se parler, d'avancer », la pression reste vive dans le rang des offensés.
« Côté algérien, il y a une indignation qui n'est pas feinte. Là où en général c'est très instrumentalisé, les partis et journaux d'État surfent sur une vague d'indignation un peu artificielle, là, c'est sincère. Le président de la République avait une très bonne image, lui qui a parlé de “crimes contre l'humanité” à propos de la colonisation en 2017 et qui avait l'ambition de restaurer une relation apaisée avec l'Algérie, ces propos viennent semer le trouble », a commenté Luis Martinez, directeur de recherche à Science Po et Spécialiste de l'Afrique du Nord.
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Une crise qui pourrait durer encore…
Si la crise qui s'ouvre n'est pas inédite, les propos tenus par le président Emmanuel Macron le sont, au contraire. « On n'a jamais vu un chef d'État dire cela publiquement. En général ce sont les opposants politiques, mais pas de la part d'un pays ami, neutre, allié ou partenaire », évoque Luis Martinez, l'auteur de « L'Afrique du Nord après les révoltes arabes ».
Pour ce dernier, cette escalade diplomatique ouverte des suites des propos inamicaux du président Emmanuel Macron continuera à faire couler d'encre et de salive en Algérie « En Algérie, on va en parler tous les jours, surtout à l'approche des élections locales en novembre. Il y a aussi le 60e anniversaire de l'indépendance qui arrive en 2022 », a-t-il remarqué.
Pour rattraper les choses, Luis Martinez préconise une demande d'excuse sincère et publique de la part des autorités françaises. « J'espère qu'on aura des propos publics des autorités françaises. L'Algérie est souveraine (…) Il faut une relation d'État à État. Surtout entre ces deux États », a-t-il conclu.