Ancien magnat de l'habillement, Lai a fondé le journal Apple Daily de Hong Kong en 1995 – deux ans avant que Hong Kong ne passe du contrôle britannique au contrôle chinois. Modelé visuellement sur USA Today, le journal a provoqué une révolution mineure dans le paysage médiatique de la ville.
Le magnat des médias se savait en sursis
Tout en se concentrant sur les potins de célébrités, le journal est devenu l'une des critiques les plus féroces du gouvernement de Hong Kong et de Pékin. Il a ouvertement soutenu le mouvement pro-démocratie et les manifestations anti-gouvernementales, imprimant des dépliants et des affiches dans ses pages que les gens peuvent découper et emporter pour les marches.
Jimmy Lai, 71 ans, est la personnalité la plus en vue à être arrêtée en vertu des lois introduites par Pékin il y a près de six semaines pour faire taire ses détracteurs et éviter une répétition des manifestations de masse de l'année dernière. Il a été inculpé de rassemblement illégal en février, avant la mise en place des nouvelles lois, puis libéré sous caution.
Vers la mi-juin, deux semaines avant l'imposition de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, Jimmy Lai a déclaré à l'AFP qu'il s'attendait à être arrêté. «Je suis prêt à aller en prison », dit-il. « Si cela se produit, j'aurai la possibilité de lire des livres que je n'ai pas encore lus. La seule chose que je peux faire est d'être positive. »
America stands with Jimmy Lai and his family, and all the other journalists and dissidents who are being held captive by the Chinese Communist Party.
Aussitôt après l'arrestation, les réactions de nombreux responsables se sont fait entendre. Elaine Pearson, directrice australienne de Human Rights Watch a tweeté « Il est totalement scandaleux que les autorités de Hong Kong aient arrêté Jimmy Lai de @ appledaily_hk. Ce type d'attaque contre la liberté de la presse est exactement ce que nous craignions de se produire avec la nouvelle loi draconienne sur la sécurité ». Le ministre des Affaires étrangères de Taiwan Joseph Wu – où Apple Daily gère une franchise à succès – a écrit « nous sommes attristés d'apprendre l'arrestation de Jimmy Lai ».
Une intervention musclée pour arrêter le « héros de Hong Kong »
Diffusées en direct, c'est dans des scènes dramatiques que plus de 100 policiers en uniforme firent une descente dans la salle de rédaction du tabloïd. Ils ont été filmés en train de fouiller les bureaux des journalistes. M. Lai, menotté, a été escorté à travers les bureaux quelques heures après avoir été arrêté à son domicile.
«Ils l'ont arrêté à son domicile vers 7 heures du matin [1 heure à paris]. Nos avocats sont en route pour le commissariat », a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) Mark Simon, proche collaborateur de Jimmy Lai. Il a ajouté que deux des fils de M.Lai ainsi que d'autres membres du groupe de presse que dirige M. Lai avaient également été arrêtés.
Peu de temps avant, M. Simon avait annoncé sur twitter que l'arrestation était en cours. «Jimmy Lai est actuellement arrêté pour collusion avec des puissances étrangères», écrit-il.
Pour de nombreux hongkongais, Jimmy Lai est un héros, un propriétaire de presse combatif et le seul magnat du territoire semi-autonome à oser critiquer Pékin. Mais dans les médias officiels chinois, il est dénoncé comme un «traître», un inspirateur des énormes manifestations pro-démocratie qui ont eu lieu à Hong Kong et le chef d'un groupe de personnalités accusées d'avoir conspiré avec des nations étrangères pour nuire à la Chine.
Les journalistes ont déclaré que le raid avait marqué la fin de la liberté de la presse à Hong Kong, qui s'était vu promettre l'autonomie de la Chine continentale, où les contrôles des médias sont stricts, jusqu'en 2047.
Jimmy Lai finally released on bail after 36 hours.
Thank you,
You are our hero.@JimmyLaiApple #FreeJimmyLai pic.twitter.com/uDSWVGkTZT