Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a publié le dimanche 3 octobre 2021 une autre enquête sur la dissimulation des avoirs dans des sociétés-écrans. Selon cette enquête, 300 responsables publics, 35 chefs d'État, 130 milliardaires préfèrent investir dans des paradis fiscaux afin d'échapper au payement d'impôts.
« On parle de milliers de milliards de dollars »
« Pandora Papers », c'est le nom que porte cette enquête réalisée par près de 600 journalistes d'investigation provenant d'une centaine de pays. Cette enquête publiée à travers 14 sociétés de service financier se base sur quelque 11,9 millions de documents qui relèvent 29 000 sociétés offshores. Dans ce document, les noms de plusieurs chefs d'État et de gouvernement sont cités.
On peut citer par exemple Andrej Babis, le Premier ministre tchèque. L'enquête révèle qu'il a monté des sociétés-écrans qui lui ont permis d'acheter le château Bigaud à Mougins, dans le sud de la france pour un montant de 22 millions de dollars. Juste après la publication de l'enquête, ce dernier s'est empressé de réagir. « Je n'ai jamais rien fait d'illégal ou de mal, mais cela ne les empêche pas d'essayer de me dénigrer et d'influencer les élections législatives tchèques », écrit Andrej Babis sur son compte. Ces élections législatives sont prévues pour se tenir du vendredi au samedi prochain.
Un autre dirigeant de marque épinglé dans cette publication est le roi Abdallah II de Jordanie. Celui-ci possède au minimum une trentaine de sociétés dans des pays à fiscalité abordable. À travers ces sociétés offshores, le roi s'est offert 14 propriétés de luxe au Royaume-Uni et aux États-Unis. Des avoirs qui sont estimés à plus de 106 millions de dollars.
Selon le directeur de l'ICIJ, Gérard Ryle, « cela démontre que les gens qui pourraient mettre fin au secret de l'offshore, en finir avec ce qui s'y passe en tirent eux-mêmes profit ». « On parle de milliers de milliards de dollars », lance-t-il dans une vidéo publiée ce dimanche.
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Pas de poursuites judiciaires
Dans la majorité des pays concernés, les auteurs de ces évasions fiscales ne sont pas inquiétés par la justice. Cependant, cette enquête met en doute la volonté de certains dirigeants qui tiennent des discours anticorruption. Le cas du chef de l'État kényan peut être cité comme exemple.
Dans son engagement à lutter contre la corruption, ce dernier oblige tous les officiels à la transparence. Pourtant, dans le dossier « Pandora Papers », son nom est également cité. Uhuru Kenyatta est promoteur d'une fondation au Panama. De même, plusieurs de ses proches ont placé dans des comptes offshores de l'argent évalué à plus de 30 millions d'euros.
Selon Maira Martini, chercheuse au sein de l'ONG Transparency internationale, ce système doit s'arrêter. « Cette enquête apporte une nouvelle preuve claire que l'industrie offshore fait le jeu de la corruption et de la criminalité financière, tout en faisant obstruction à la justice. Ce modèle économique basé sur le secret financier ne peut plus continuer », insiste-t-elle.