Cette mort mystérieuse – on ne sait pas s'il s'agit d'un suicide ou d'un accident – continue de susciter l'intérêt des historiens, dont le chercheur Wouter Van der Veen, professeur d'université et directeur scientifique de l'institut Van Gogh. Ce dernier a récemment publié une analyse de la dernière journée de ce peintre qui marqua l'histoire de son temps, un livre intitulé Attaqué à la racine, à l'occasion des 130 ans de la mort du peintre impressionniste.
Une œuvre emblématique du peintre disparu
Le tableau, Racines d'arbres, conservé au musée Van Gogh d'Amsterdam, légendaire en ce qu'il constitue le dernier chef-d'œuvre de l'artiste, représente un entrelacs de racines peint de façon imprécise, dans la pure tradition expressionniste, caractéristique de la fin de vie du peintre, bien que le terme ait été inventé seulement en 1911, c'est-à-dire bien après la mort de Van Gogh. C'est début avril que le professeur Van der Veen a trouvé par hasard une photographie en cherchant de la documentation pour une étude de l'auberge Ravoux. Cette image, une carte postale prise entre 1915 et 1920, soit moins de trente ans après la mort de l'artiste, représente un cycliste posant devant un talus, rue Daubigny. Cette image anodine attire l'attention de l'universitaire. « Mon regard s'est perdu sur une partie de la carte et j'y ai vu un élément du tableau, confie-t-il. J'ai ensuite aperçu un renflement d'un arbre et je connais par cœur ce détail de Racines. J'ai combattu mon intuition et je cherchais un élément susceptible de flinguer mon hypothèse naissante. »
Thanks to a chance encounter with a vintage French postcard, researcher Wouter van der Veen has discovered the exact patch of road where van Gogh produced his last work. https://t.co/YnYVDWLyyf
L'héritage de Van Gogh s'accroît d'un nouveau symbole
Aussitôt après, il saisit une représentation du tableau et, le comparant à l'image photographique, est saisi par la ressemblance des formes et des traits que l'artiste a donnés à ses arbres. En dépit de l'évolution du terrain, la similitude est incontestable. C'est d'autant plus incroyable sachant que le site en question se situe à moins de 150 mètres de l'auberge Ravoux, où affluent chaque année les touristes admirateurs du peintre !
« Comment envisager que cette structure en bois soit toujours présente 130 ans plus tard ?, s'étonne Wouter van der Veen. Découvrir ça, c'est beaucoup plus grand que moi. C'est « LE » dernier tableau de Van Gogh. », appuie-t-il.
Dominique-Charles Janssen, le directeur de l'Institut Van Gogh, raconte : « Wouter m'a tout de suite appelé et m'a demandé d'aller voir si cet endroit existait toujours. Le lundi de Pentecôte, il est venu à Auvers et nous avons enlevé toute la verdure pour mettre à nu les racines. » Malgré quelques modifications, l'endroit correspond toujours incroyablement au tableau : la ressemblance saute aux yeux.
Teio Meedendorp, chercheur au Musée Van Gogh, affirme que le tableau a été « réalisé dans un environnement qu'il avait déjà documenté auparavant avec d'autres tableaux ». Van Gogh « a dû souvent passer à côté de l'emplacement en allant dans les champs qui s'étendaient derrière le château d'Auvers, où il peignait durant sa dernière semaine ».
Ce 28 juillet, la presse visitait l'endroit, en compagnie de Vincent Willem Van Gogh, arrière-petit-neveu de l'artiste. Le lieu, un coteau ombragé jusqu'à récemment recouvert de taillis et de racines, aux côtés de l'église d'Auvers, de la chambre de Vincent Van Gogh et de sa tombe, est sur le point de devenir un site mythique pour tous les amateurs d'art et d'histoire.
Mystery of Van Gogh final painting location solved… by a picture postcard. https://t.co/CsfU6XZuJS pic.twitter.com/PbhyipOxpK